L’Internationale Communiste des Jeunes, également désignée sous son acronyme russe de KIM, Kommunistitcheskii Internatsional Molodioji, est la branche « jeunesses » de l’Internationale communiste (IC).
Elle dispose d’un fonds propre aux archives du RGASPI, le fonds 533, subdivisé en 12 opisi (sous-fonds) qui comprennent en tout 6 868 articles (dossiers), au contenu d’épaisseur très variable. La plupart de ces dossiers (tous peut-être) sont consultables sous forme de microfilms.
La partie du fonds 533 (presqu’exclusivement de 533-10, les documents des sections nationales des JC des différents pays, qui remplissent à eux seuls plus de la moitié des articles) concernant les JC français, mêlée à des documents de teneur analogue du fonds français 517-1, a été copiée et ramenée sous la forme de 54 microfilms aux archives départementales de Seine-Saint-Denis à Bobigny, qui conservent l’ensemble des archives du PCF. Ils sont consultables sous les cotes 3 Mi 7/1 à 54. Il est également possible de les consulter à la MSH de Dijon sous format numérisé, avec un inventaire réalisé par Elise Manuelian.
L’ICJ est fondée à Berlin en novembre 1919 par dix-neuf délégués. D’abord sous influence allemande, dirigée par Willi Münzenberg, elle est subordonnée à l’IC et à l’URSS après que son 2e congrès est déplacé sur injonction soviétique d’Iéna à Moscou, entre avril et juin 1921, dans le sillage du IIIe congrès de l’IC, dont elle suit désormais une ligne institutionnelle et programmatique absolument parallèles. Un des membres du secrétariat de l’IC est chargé de la superviser, le Soviétique Ossip Piatnitski, par exemple, en 1928, ou le Finlandais Otto Kuusinen en 1935. Ses congrès, comme ses plénums du comité exécutif, prolongent ou suivent en règle générale ceux de l’IC, mais il y eut un congrès en moins, si bien que le Ve congrès de l’ICJ (22 août-16 septembre 1928) s’enchaîne avec le VIe de l’IC (17 juillet-1er septembre 1928), et le VIe et dernier congrès de l’ICJ (23 septembre-octobre 1935), fait suite au VIIe et dernier de l’IC (25 juillet-21 août 1935).
Après les débuts allemands, puis le rôle prépondérant de l’Autrichien Richard Schüller, les premiers secrétaires de l’ICJ sont de jeunes militants soviétiques, l’Arménien Rafaël Moisevich Khitarov de 1928 à 1931, puis le Russe Vassili Tchemodanov de 1931 à 1935, tous deux emportés en 1938 lors les grandes purges staliniennes. En 1935, en reconnaissance du rôle pionnier des Français dans la nouvelle orientation qui encourage la création de « fronts populaires », Raymond Guyot, homme-lige de Thorez, est promu au poste de secrétaire général de l’organisation internationale à l’occasion de son VIe congrès, avec pour mission de réunir les Jeunesses communistes et les Jeunesses socialistes de toutes les organisations nationales, prélude aux fusions PC-PS visées à terme. Seules les Jeunesses espagnoles répondront à cette attente.
Les organes de l’ICJ siègent dans le même bâtiment que ceux de l’IC, et un membre de son secrétariat participe toujours aux réunions du secrétariat de l’IC, sous l’autorité de Georges Dimitrov et Dimitri Manouilski. À partir de 1930, l’ICJ publie une revue en français, très austère, L’Internationale de la Jeunesse, dont la périodicité ne semble pas avoir été très régulière.
Puisqu’il n’y eut après 1935 plus aucun congrès ni plénum, Guyot peut être considéré comme le secrétaire général de l’ICJ jusqu’à la dissolution, en même temps que l’IC, en mai 1943. Celle-ci est signée pour l’ICJ par le Hongrois-Slovaque Michal Wolf, le second de Guyot, qui siège en permanence en URSS et tient les rênes de l’organisation, alors que le Français alterne les séjours entre la France et l’URSS.
Si un délégué des JC français, généralement relevé chaque année, représente son organisation à Moscou, comme pour la plupart des autres sections nationales d’importance – Raymond Latarget est le dernier, en 1939 – , en revanche, après 1934, aucun fonctionnaire de l’ICJ ne « suit » plus les JCF à Paris à l’instar d’Eugen Fried, missionné pour cela par l’IC auprès du PCF.
Après la guerre, les Jeunesses communistes reconstituent un semblant d’organisation internationale, la FMJD (Fédération mondiale de la Jeunesse démocratique), fondée à Londres en novembre 1945, aux structures et à l’autorité beaucoup moins contraignantes que celles de l’ex-ICJ. Reconnue par l’ONU, elle existe toujours.
L’auteur du billet: Marc Giovaninetti
Pour aller plus loin:
Joël Kotek, La Jeune Garde. La jeunesse entre KGB et CIA, 1917-1989, Seuil, 1998.